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Paris 2005

France



DATE : November 2005

TYPE : Webpage

THEMA : "Vincent Callebaut : pour une architecture décodifiée et irrespectueuse"

Chief's Redactor : Christophe Leray

LINKS : www.cyberarchi.com






Vincent Callebaut : pour une architecture décodifiée et irrespectueuse

Une très belle monographie, produite par un éditeur sud-coréen, consacrée à un architecte franco-belge de 28 ans, voilà qui ne lasse pas de surprendre. La découverte du travail de Vincent Callebaut se révèle plus surprenante encore, surtout de la part d'un architecte au départ "sans atout".

Personne ou presque en France ne connaît l'architecte franco-belge Vincent Callebaut. Ce qui en France, puisqu'il affiche seulement 28 ans au compteur, n'est pas une surprise. Pourtant la répétition 'en France' s'impose puisque Vincent Callebaut vient de voir une monographie qui lui est consacrée, produite par un éditeur sud-coréen*, présentée en grandes pompes au Festival du livre de Francfort, en Allemagne, fin octobre dernier. Dit autrement, ce n'est pas parce que les institutions françaises sont aveugles et sourdes, sinon condescendantes, vis-à-vis du travail et des conditions d'accès à la commande des jeunes architectes – et dans ce pays, à 40 ans passés il sont encore 'jeunes' - qu'il faille supposer les mêmes tares à l'étranger.

Révélateur à cet égard est une remarque du jeune homme. "Je ne connais personne dans ce milieu (l'architecture)", dit-il. Ce qui laisse entendre que dans ce pays le réseau et les relations valent viatique plus que le talent et la rigueur de conception ; le plus frappant étant sans doute que cette réflexion n'est même pas le fruit du cynisme et de l'amertume, Vincent Callebaut à son âge n'ayant eu le temps d'expérimenter ni l'un ni l'autre. Un papa informaticien, une maman infirmière, un frère infirmier ; rien ne le prédisposait à l'architecture. "Je n'ai aucun atout à la base", dit-il en souriant, avant d'expliquer à quel point justement ce manque d'atout s'est révélé être une aubaine. "Sans connaître les normes, j'ai pu les transgresser et aller au-delà des codes", explique-t-il. Il propose donc sans complexe une architecture décodifiée, voire "irrespectueuse". Vrai bain de jouvence, voilà justement qui fait du bien. Les Coréens d'ailleurs ne s'y sont pas trompés.

"Je travaille à 200%", dit-il. Une telle phrase, entendue plus souvent sur les terrains de sport – dans ses variantes 110%, 120%, etc. - que dans les agences d'architecture, n'a habituellement aucun sens. Ce n'est pas le cas ici et aucune autre locution ne saurait mieux traduire la réalité de ce qu'est à ce jour sa vie d'architecte. En effet, depuis son diplôme en 2000 – le musée des Arts et Civilisations Quai Branly (qui lui valu d'ailleurs un Grand prix d'architecture) obtenu à l'Institut supérieur d'Architecture Victor Horta de Bruxelles, Vincent Callebaut mène deux vie parallèles. C'était d'ailleurs déjà le cas en tant qu'étudiant puisqu'il a présenté, la même année, un projet d'urbaniste sur le canal de Bruxelles. Aujourd'hui il passe ses journées dans des agences internationales – Odile Decq, Claude Vasconi, Maximiliano Fucksas, entre autres, sans compter six mois en Chine – pour lesquelles il suit des projets. C'est ce qu'il appelle un "travail pragmatique". La nuit venue, il entame une seconde descente à la mine (Il est originaire de Mons, pays de terrils) en développant ses propres projets, "un travail théorique, de laboratoire et de prospective". C'est ce travail qui a été remarqué par les Coréens qui l'ont contacté à Noël 2004 pour lui annoncer, sans le connaître, sans connaître son âge, qu'ils entendaient éditer une monographie qui lui serait consacrée. "J'ai une vie très équilibrée", assure Vincent Callebaut que son "côté schizophrène" n'inquiète nullement. "Je n'ai jamais vraiment compris d'où me vient cette passion", dit-il.

Il sait en revanche que ses talents de graphiste – à 28 ans, il est né dans l'informatique – l'autorisent à produire vite. Du coup, il peut consacrer le temps nécessaire à la réflexion en amont. En ce sens, il est représentatif de cette nouvelle génération pour qui l'image n'est plus un résultat final mais fait partie intégrante du process de création. Images qui, dans son cas, ont valeur de programme puisque, le plus souvent, elles le précèdent. Oser une architecture et un urbanisme futuristes est sans doute, en 2005, la moindre des choses.

La force de Vincent Callebaut réside sans doute dans une vision non sacralisée de l'architecture qu'il tient pourtant en haute estime. Ainsi, s'il dit souhaiter une "architecture citoyenne", "propre à changer la vie des gens", il ne la conçoit qu'au carrefour de multiples sources. Et si ses projets sortent des carcans habituels, c'est parce qu'il s'inspire des sciences – chimie, physique, nouvelles technologies – avec un langage emprunté au milieu artistique – la publicité, le design, la peinture. Ce qui donne à ses perspectives un aspect Pop Art clairement assumé. "La façon de produire est stricte et le fond du projet est normé mais la volonté graphique est de sortir du langage architectural ; le projet doit pouvoir être apprécié par monsieur tout le monde et exprimer une certaine joie de vivre. Mon métier n'est pas austère et le graphisme doit être abondant, joyeux, lyrique", dit-il. Il doit être conduit enfin avec une bonne dose d'idéalisme : "j'aimerais bien rapprocher le monde de la médecine et celui de l'architecture par exemple".

En clair, parfaitement conscient qu'il lui sera interdit de s'exprimer par le bâtiment avant de nombreuses années, il s'exprime sans état d'âme au travers de ses productions graphiques, qui restent "pragmatiques" quand le sujet s'y prête. Ainsi quelques-uns de ses projets peuvent être "construits demain" quand d'autres proposent des techniques qui en sont encore au stade de la recherche fondamentale, hologramme ou déplacement de la lumière par exemple. Avec trois autres architectes belges, il fut invité à concourir pour la conception d'un hôtel quatre étoiles à Bruxelles. A l'issue du concours, le maître d'ouvrage est venu le voir. "Votre proposition est géniale mais comme vous n'avez jamais construit, nous vous avons classé second", lui dit-il en substance. De quoi rire ou pleurer.

En tout état de cause, pas de quoi s'affoler. A ce titre, le jeune homme, qui a fait ses études en Belgique, porte un regard peu flatteur sur l'organisation de la profession en France. "En Belgique nous avons cinq ans d'études et deux ans de stage obligatoire", explique-t-il, soulignant en creux l'incompréhension vis-à-vis des étudiants français farouchement opposés à la licence d'exercice. "On ne sait pas tout en sortant de l'école", remarque-t-il. Il note par ailleurs qu'en Belgique, à l'issue de cette formation, les jeunes architectes sont obligatoirement indépendants, ce qui selon lui a le mérite de "développer le sens de la débrouille et permettre de s'exprimer puisqu'il n'y a pas de confort salarial". "Je n'ai jamais travaillé en tant que salarié. Je choisi les missions et je ne suis pas asservi ; je ne me lève pas pour aller travailler, je me lève pour aller discuter d'un projet", assure-t-il.

Il sait parfaitement qu'à 28 ans, jeune, passionné, motivé, talentueux et 'Jeune espoir belge de l'architecture' (prix Godecharle) et sélectionné aux 'Renouveaux plaisirs d'architecture' (équivalent belge des NAJA), les portes en France ne s'ouvriront pas de sitôt. Mais quitte à ne pas pouvoir passer par les portes, il est prêt à éclater les murs et, en attendant, "cherche ailleurs dans le monde". Sauf qu'en l'occurrence, c'est le monde qui est venu le chercher.

*New Worlds – Vincent Callebaut Architectures, DD Design Documents Séries, Editeur : Damdi Publishing Company, Séoul. Distribué en librairie par Idea Books. 228x290mm, 191 pages. En anglais et coréen.

A lire également notre article 'L'Oeil du Cyclone à Seoul 2005 et consulter l'album photo de son travail 'Les nouveaux mondes de Vincent Callebaut'

L'Oeil du Cyclone à Séoul 2005

Un concours d'idée pour la conception du Séoul Performing Arts Centre – un opéra de 1.500 places, une salle de concert de 1.500 également et une vaste salle (6.000 places) en extérieur – fut l'occasion pour Vincent Callebaut de faire montre de sa maîtrise et de la force de ses idées. Découverte.

Les nouveaux mondes de Vincent Callebaut

Pour une nouvelle (jeune) génération d'architectes, l'image en 3D est la base à partir de laquelle seront tirés les plans et non l'inverse comme ce fut, pendant des générations, le cas. Mais une excellente maîtrise de l'image n'a aucun sens si l'architecture qu'elle représente en est dépourvue. Qu'en est-il pour ces vingt images de vingt projets de Vincent Callebaut ?



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